jeudi 31 décembre 2009

Uchrospective 2009

Allez, faisons-nous plaisir, une petite rétrospective pour l'année sur le point de s'achever (dans un univers parallèle).
Je ne signale ici que les faits marquants.

Janvier
11 : Un tireur fou tue 49 personnes dans un supermarché bondé à Dallas en se postant dans les coursives réservée à la surveillance de la clientèle. Il est finalement abattu par les policiers.

Février
19 : un homme militant pour les droits de l'homme en Chine s'immole par le feu devant Barack Obama, au cours de sa visite au Canada.
27 : Tempête de neige historique dans le sud du Québec. Près de 90 cm à Montréal, et plus d'un mètre dans l'Outaouais. Le maire de Montréal critiqué pour sa gestion de la crise. On compte 15 morts dans la métropole.

Avril
11 : (un peu de People...) Une totale inconnue, Susan Boyle, insulte copieusement le public de l'émission "Britain's got talent", qui la huait, avant d'en venir aux mains avec le jury particulièrement odieux avec elle. La vidéo est vue sur internet plus de 100 millions de fois. Boyle écope de trois mois de prison fermes pour le bris de la mâchoire de Simon Cowell.

Juin
16 : Après 4 jours d'incertitudes et de tensions, Mir Hossein Moussavi remporte les élections présidentielles en Iran. Son premier geste fort est l'annonce de la reprise des relations diplomatiques avec Israël.
25 : Michael Jackson tombe dans le coma après une injection de Propofol par son médecin personnel. Il n'en ressortira qu'un mois plus tard. La tournée qu'il devait faire est repoussée à 2010.

Août :
25 : décès de Nelson Mandela, à l'âge de 91 ans. Le Prix Nobel de la Paix 1993 a passé 27 ans en prison avant de devenir président de la République Sud-africaine de 1994 à 1999. Mais la disparition de ce personnage historique est médiatiquement reléguée au second plan par la mort de Bono, le célèbre chanteur-businessman du groupe planétaire U2 dans un accident d'avion le 26 août.

Octobre :
10 : scandale des pots de vins à la mairie de Montréal. Gérald Tremblay se retire de la course à la mairie. Louise Harel remporte facilement les élections quelques semaines plus tard. Après enquête, Tremblay est lavé de tout soupçons. Il ne savait pas ce qui se passait. Personne ne savait. On ne sait d'ailleurs toujours pas ce qui a provoqué ce scandale.

Novembre :
22 : Destruction spectaculaire de la Joconde, au Louvre, par un obscur groupe extrémiste féministe.
28 : Début du "nasagate". Un courriel piraté d'un chercheur de la Nasa tend à prouver que l'exploration spatiale n'est qu'une vaste escroquerie visant à vider les poches des contribuables. Les groupes militant depuis des années pour dénoncer les mensonges des scientifiques (qui prétendent être capable d'envoyer des hommes dans l'espace, la bonne blague) relaient l'information. Obama annonce l'ouverture d'une commission d'enquête pour calmer les esprits. À suivre en 2010.

Décembre :
20 : la Chine décide de liquider une grande partie de ses Bons du Trésor américains. Coup de tonnerre dans le monde financier. Les bourses s'effondrent. Finalement, la crise qui n'avait pas eu lieu début 2009 arrive quand on ne l'attendait plus. Et en beauté.

jeudi 24 décembre 2009

CO2 : le retour des Indulgences

Depuis quelque temps, en cette époque fumeuse d'enjeux climatiques (enjeux pour les deux camps... je vous laisse le soin de situer la fumisterie, soit du côté des climato-sceptiques, soit des pro-GIEC...), on peut trouver sur internet des organismes qui vendent en ligne des "certificats de compensation carbone", alias "crédits- carbone", aux particuliers (comme vous et moi) qui ressentiraient un malaise de type dissonance cognitive entre ce qu'ils prêchent et ce qu'ils font.

Caveat lector (fais gaffe, l'internaute !) : je ne remets pas en cause la pertinence d'un tel système de compensation. Comme l'écrit l'un des sites que j'ai visités : " Mieux vaut réduire ses émissions de CO2. Mais pour les émissions qui restent : faut-il ne rien faire du tout ? "
Bien sûr, vu comme ça.
Mais c'est difficile de ne pas faire le parallèle entre cette pratique de rachat de la pollution physique qu'implique notre "humble" existence sur Terre, et le système des Indulgences (rachat de la pollution morale).
Pour rappel : dans l'Église catholique romaine, l’indulgence (du latin indulgere, « accorder ») est la rémission totale ou partielle devant Dieu de la peine temporelle encourue en raison d'un péché déjà pardonné (réf. Wikipédia:Indulgence).

Quand on voit ça :


et ça (certificat d'indulgence accordée en 1521) :


on ne peut pas s'empêcher trouver des airs de famille à ces deux façons "d'absoudre" un comportement "moralement" condamnable (voir Wikipedia:Morale).

Mais bon, il fallait bien faire quelque chose. À tout problème, il y a une solution. Du moins, une justification, une pirouette sémantique.
Les organismes qui récoltent l'argent pour notre paix morale l'utilisent, disent-ils, pour financer des actions concrètes de lutte contre les émissions de CO2 : reboisement, ingénierie, transport etc.
Bien ! Bravo !
Mais alors, qu'elle est la différence entre ça et la notion classique de "don" qu'on connaît depuis longtemps ? Ceux qui font un don à Médecins Sans Frontières reçoivent-ils un certificat attestant qu'ils ont sauvé un, deux ou trois enfants et demi ? Comparaison vaseuse, je l'admets. Vaseuse car les donateurs "classiques", même si la culpabilité les motive peut-être un peu, n'ont certainement pas l'impression de racheter la mort d'un enfant par la survie d'un autre. Alors que pour les "compensations carbone", on calcule ce qu'ON rejette et ON rachète ce qu'ON estime être de trop. Y a des maths, là-dedans. Comme pour les indulgences, avec leurs listes d'épicerie et leur "valeur de marché". On faisait des crasses, on évaluait quelle bonne action pouvait les compenser, et on payait le prix estimé de cette "charité" plutôt que de vraiment la faire.

Enfin, ce qui m'embête le plus : admettons que les gens prennent ce système à cœur, c'est à dire que tous payent vraiment de quoi faire baisser leur "bilan carbone" quand leurs émissions sont à la hausse, alors on se retrouve avec une sorte de bilan comptable où le passif (les tonnes émises), aussi concret que peux l'être un tas de charbon huileux, se trouve balancé par un actif (achat de compensations) qui, lui, reste hypothétique, intangible, comme une promesse de politicien.
Mon voisin achète un gros 4x4 et en contrepartie il finance la plantation de cent arbres. Mais les arbres, ça prend du temps à pousser, ça peut crever (à cause de la pollution), ça peut être coupé vingt ans plus tard par un marchand de papier etc., alors que les 50 tonnes de CO2 pétées par le 4x4 sont bel et bien là-haut, dans l'atmosphère.
Et comme la population mondiale, dans son ensemble, a tendance à s'enrichir (EN MOYENNE) grâce à la sacrosainte croissance économique, et que cette richesse matérielle ne prend son sens que dans la consommation, donc dans la production, donc dans la consomption de ressources fossiles (c'est pas demain la veille que 100% de la croissance se fera sur des énergies non émettrices), le décalage entre les émissions de plus en plus abondantes de G.E.S. et les actions "physiques" nécessaires à les compenser ne cessera d'augmenter... ce qui faussera la donne, un peu comme une bulle financière ou immobilière, jusqu'à la rupture soudaine du montage virtuel, quand on découvrira que les effets pernicieux de ce système d'indulgences seront peut-être supérieurs à ses effets vertueux.

Quelques exemples de paniers d'achat de tonnes de carbone (à stocker dans son jardin) :

mercredi 23 décembre 2009

Noël, ou le juke-box cassé

Tout d'abord, je tiens à dire que je n'ai rien contre Noël. Le symbole religieux (la crèche et toute la smala dans l'étable), l'alibi commercial (le design cocacolique de "Santa Claus"), le développement de la psyché des enfants (Bruno Bettelheim), la substitution à de très anciens rites autour du solstice d'hiver etc. : toutes ces interprétations me vont, je ne critique pas, car je considère Noël comme une facette de la foisonnante culture humaine.
Là où ça ne va plus, c'est justement que cette facette, le temps de quelques semaines, devient un crédo monolithique, un truc ultra formaté vidé complètement des interprétations sus-citées.
Le monde entier (paraît-il) se retrouve dans Noël et ses "valeurs". Oui, le monde se retrouve... mais parqué dans l'équivalent culturel d'un placard à balais.
Il suffit de faire un tour dans les magasins de Montréal (et ça dure depuis bientôt un mois !) et qu'est-ce qu'on entend ? LES MAUDITES MÊMES CHANSONS, interprétées, ré-interprétées, ré-réadaptées à toutes les sauces, mode country, rock, R&B, a capella, reprise de x, de y etc.
"What Child is This" sur l'air de Greensleeves (belle mélodie mais... je n'en peux plus !), "Let it snow ! Let it snow ! Let..." (pitié !), "Jingle bells" et son cousin "Jingle bell rock", "We wish you a merry Christmas", "Silent night" et trois ou quatre autres chansons, guère plus, s'approprient l'espace sonore comme des dictatures musicales ou, pire, comme ces techniques modernes de tortures par la répétition.
Le pire, la crème de la crème, l'aberration, l'horreur intégrale : "Happy Xmas (War is Over)" de John Lennon. Dire que cette chanson était, comme son titre l'indique, un hymne pacifiste en rapport avec la guerre au Vietnam et sa fin (imminente, concrétisée ou souhaitée, je ne sais plus)... C'est maintenant devenu un hymne de supermarché, un cantique de magasins de fringues, une rengaine qui nous martèle l'oreille pendant qu'on fait nos achats de Noël dans la frénésie consumériste et le stress qui va avec. Pauvre Lennon ! Une chanson de paix utilisée pour faire vendre des gadgets fabriqués dans des sweat shops... M'enfin, l'homme était lui-même un sacré produit marketing, alors l'hypocrisie de la chose ne l'aurait peut-être pas effleuré...
Il y a certainement des centaines de chants de Noël, alors pourquoi fait-on tourner en boucles les mêmes ? Serait-ce qu'il faut OBLIGATOIREMENT passer des trucs reconnaissables pour la clientèle, car diffuser un air inconnu serait aussi grossier que de proposer une nouvelle représentation du Père Noël (genre maigre et vêtu de vert, sans barbe et avec de longs cheveux noirs et un sac à dos fluo) ?
Il y a certainement des dizaines de millions de chansons sur Terre. On n'en entendra jamais 1%. Mais avant Noël, faut se farcir les dix mêmes. Pendant un mois.
Faut se plier aux mêmes rituels commerciaux. Faut se taper les "ho ho ho !" à n'en plus finir du bonhomme Coke, les mêmes films médiocres à la TV (avec l'étable et tout), entendre les mêmes lieux communs sur l'esprit des fêtes.
Heureusement que le milliard de Chinois et le milliard d'Indiens et le milliard de Musulmans ne rentrent pas avec nous dans ce placard à balai culturel... Quoique... ils sont peut-être aussi en passe d'adopter les mêmes "standards" que nous, commerce international oblige.

Feliz Navidad !

lundi 21 décembre 2009

Quelques photos de l'ère argentique

Quelques photos prises entre 1985 et 1995, numérisées ensuite. Des lieux secrets.






mardi 15 décembre 2009

La Route (The Road), ou comment foirer un film

S'il est un livre qui n'a aucune musicalité, aucune mélodie dans l'enchaînement des mots, c'est bien La Route (The Road).
Son style minimaliste, haché menu, saccadé, bref et lourd comme une sentence de mort possède un rythme, une cadence, et rien d'autre : tambour syncopé pour décrire le monde agonisant dans l'horreur barbare ; un battement binaire pour les cœurs des personnages centraux, le père et le fils. C'est sa seule musique, un squelette de musique, sans chair autour.
La Route - le film - nous propose de belles images grises, sales et cadavériques, telles que les évoque le bouquin. Mais la musique ajoutée ! Quelle erreur ! Du caramel sur le squelette !
Les notes de piano gentillettes démentent - démontent - complètement le visuel. Le pathos est atrocement imposé, ce qui se traduit par un retrait du spectateur devant cette contradiction. On n'est pas dedans, on ne peut pas être dedans. L'ambiance est légère la plupart du temps, car la musique le demande. "Attention, le gamin crève de faim mais le piano gnan-gnan nous dit que c'est pas si grave, c'est beau la souffrance et de toute façon ce n'est qu'un film et vous êtes dans un cinéma au chaud la panse pleine".
La musique, c'est comme une voix off. Elle n'est pas toujours nécessaire, et parfois elle dit n'importe quoi, ou se contente de nous décrire l'évidence, au risque de nous agacer.
Film merdique, donc, et pourtant ! Si on en enlevait TOUTE la musique, pour ne laisser qu'une trame sonore minimaliste - bruits de boue sous les pieds, craquements des arbres, grondement du feu, cris atroces dans la nuit, toux rauques, reniflements, gémissements, silences immenses comme les paysages - ce film prendrait une autre dimension. Comme le livre.

dimanche 13 décembre 2009

Il faut sauver le soldat Planète !!

S'il y a une expression qui me déglingue au plus haut point, c'est bien celle-ci : SAUVONS LA PLANÈTE !
Quand on voit cette phrase sur :
- des sacs réutilisables de magasins de fringues,
- des pubs vantant le mérite écologique de barres de céréales "bios",
- des descriptions de campagnes "super cools" genre "ramassage de bouchons de tubes de dentifrice pour les mettre dans une cuve qui sera exposée dans un centre commercial" pour "sensibiliser" le monde à l'importance de SAUVER LA PLANÈTE,
- et d'autres trucs aussi idiots, mercantiles et hypocrites,
on se dit qu'on est mal barré. Ou pour le moins que le barreur n'a rien compris à rien, et que le bateau va tourner en rond jusqu'à épuisement.

Il n'y a rien de plus... prétentieux, stupide, ou carrément cynique que cette expression.
Ou alors c'est que les gens sont vraiment aussi ignorants du monde que l'étaient leurs ancêtres lointains. Ils se croient en dehors, dans une espèce de sphère divine intouchable.
La planète n'en a rien à foutre de l'écologie et des autocollants sur les pare-brise pour la sauver. La planète, ce n'est pas Willy, ni un club de foot. Ni le soldat d'un film à gros budget. La planète, c'est une grosse boule de roche qui pèse grosso modo six mille milliards de milliard de tonnes, qui est recouverte d'une très très mince pellicule d'air, d'eau, de vie - la biosphère, qu'on peut imaginer comme une couche de moisissure sur un rocher, sauf que l'échelle donnerait plutôt une couche d'un millimètre (un rognure d'ongle) sur un roc de la taille d'un camion, avec des humains gros comme des microbes.
Cette pellicule est fragile, extrêmement fragile, et à tout moment - à l'échelle cosmique du temps - elle pourrait être soufflée et évaporée comme un flocon de neige devant un feu de forêt. Ce n'est pas arrivé depuis la genèse de la Terre, c'est pour cela qu'on est là, coincé entre deux mondes - la roche sans vie et le vide atrocement glacial de l'espace. Comme des têtards dans une flaque d'eau, en pleine cagne l'été, sans rivière à des kilomètres à la ronde, sur un chemin craquelé de sécheresse.
Imaginez les têtards dire : "Sauvons la flaque d'eau" avec autant de conviction que ceux qui parlent d'écologie parce que c'est la mode et qui l'instant d'après s'intéressent beaucoup plus aux ragots "people" - eh oui, le lifting de Paris Hilton est assurément plus critique que l'avenir de l'humanité. "Oh le rabat-joie ! On peut bien s'amuser et prendre plaisir à la vie", me direz-vous. Oui, bien sûr. C'est la somme de ces milliards de plaisirs, de ces milliards de petits "je m'en fous" qui appesantit les civilisations quand le radeau fuit alors qu'il va peut-être falloir nager...

SAUVONS L'HUMANITÉ, devrait-on dire.
Car la "planète" n'existe pas. Pas plus que la route n'est le voyageur. Le pire - le plus vexant, peut-être - c'est que l'humanité n'est même pas en mesure de faire disparaître la vie de ce roc perdu. Elle s'accroche, la vie. Des catastrophes MAJEURES l'ont mise à mal, mais ça a redémarré, au bout du compte. Au prix d'extinctions massives.
On n'en est pas là. Et l'humanité ne disparaîtra pas si vite que ça, même si le climat devenait moins clément pour elle pendant quelques millénaires.
Le devenir de l'espèce humaine est celui de toute espèce : s'éteindre naturellement ou violemment. SAUF.... sauf si elle est vraiment intelligente. Sa SEULE chance serait de se disséminer dans l'univers. Mais pour cela il faut une civilisation technologique de plus en plus avancée, et en même temps des ressources énergétiques massives et contrôlables, et l'envie de le faire. Avoir les moyens et être visionnaire.
Le possible réchauffement climatique me permet de douter des chances de l'humanité de quitter son berceau - sa planète, celle qu'il "faut sauver" pendant les pubs d'un Reality Show.
Quand on voit l'impact global du moindre tressautement économique, d'un misérable virus de grippe, et l'ahurissante faculté qu'on a de ne pas savoir tirer des leçons du passé, ça laisse perplexe. On bouffe des ressources à gogo, pour ... rien !! Non, pas pour rien : pour se reproduire et consommer, sans but autre que personnel, sans vision globale sinon la cupidité des transnationales. Bouffons les noix de cocos à s'en faire péter la panse, brûlons les cocotiers pour chauffer la plage pendant qu'on danse, le soir, tuons toutes les chèvres pleines même si ce sont les dernières et oublions que nous sommes sur une île. Faut pas penser "négatif".
Une humanité affaiblie, avec une énergie de plus en plus chère, et une vision aussi étroite que celle de singes savants - les religions, la superstition, l'incompréhension et surtout l'incapacité totale de penser à long terme - et voilà une espèce qui a atteint ses limites, et des générations à venir qui se diront "a-t-on loupé quelque chose ?" et qui perdront leur temps et leurs forces à s'adapter à la planète changeante alors que cette étape aurait dû être franchie depuis des millénaires.
Si Colomb avait laissé le feu brûler les voiles, ou les rats ronger les mats à mi-chemin de son périple, ou regardé sans rien faire son équipage s'engraisser et s'entre-tuer, aurait-il accosté le nouveau monde?
Ceux qui pensent que l'humanité saura faire face le moment venu, qu'elle s'est toujours adaptée et qu'elle sortira plus forte de la crise, ceux-là sont horriblement optimistes, résolument aveugles, et leur déni n'a d'égal que leur nombrilisme. Ils balancent ces idées - on s'adaptera - en sachant bien qu'ils ne seront plus là dans cent, cinq cents ou cinq mille ans, quand les choix actuels auront - peut-être- compromis définitivement l'avenir de ces milliards d'humains à naître et qui, avec trois puits de pétrole en héritage, cinq centrales à bois comme technologie de pointe et un environnement lessivé jusqu'à l'os, devront " s'adapter" avec ce génie que leurs ancêtres n'ont pas été fichu d'avoir mais dont eux seront supposés faire preuve.
De plus, l'humanité "moderne" n'a jamais traversé de crises qui remettraient en cause son existence. Jamais. Elle est très jeune. Elle se croit éternelle : c'est un non-sens. Mais l'humanité peut être insensée, c'est sa force, et ça peut être son ultime faiblesse.